Pas d'étranger sur cette terre

by - avril 21, 2018

Noirs, blancs, marrons, jaunes. Urbains, campagnards, montagnards. Cheveux lisses, crépus, crêtes, têtes rasées. Gay, lesbiennes, hétérosexuels, tout à la fois. Cadres, chômeurs, ouvriers. Riches et pauvres. Patients, impatients, calmes et torturés. Seuls, accompagnés, baskets ou chaussures. Avec ou sans papiers.


Nous sommes plein, nous sommes un. 7,5 milliards d'individus, une seule humanité. Aucun au dessus des autres, personne de mieux ou de moins bien.
Et à la fin des crânes et des os, tous similaires. C'est dingue comme au bout on se ressemble tous.

Il n'y a pas d'étranger sur cette terre. Il n'y a que nous.

Parce que ce monde est beau de sa diversité. Parce que chacun peut enrichir l'autre. Parce que c'est le regard des autres qui nous rend si beau, si grand.
Parce ce qu’un geste, une attention, un sourire reçu peut nous soulever le coeur à nous couper le souffle. Parce que par exemple ouvrir sa porte et son foyer à des étrangers est juste une acte incroyable qui transmet une foi illimitée en l'humanité. Nous le mesurons sur la route à chaque fois que nous sommes reçus.
Parce que nos propres attentions, notre empathie et notre générosité donnés transcendent notre existence.

Il ne s'agit pas juste d'accepter l'Autre. Lui laisser vivre sa vie à côté de la mienne. Sans considération. Des existences parallèles qui ne se rencontrent jamais.
Il faut accueillir l'Autre. Accueillir ! Ouvrir ses bras, ses portes, ses frontières, son esprit. Faire en sorte que les chemins se croisent. Aller vers l’Autre, le comprendre, l'accepter, se bonifier à son contact, s'enrichir de ses différences. Sans vouloir le changer, sans le juger dans notre propre système de pensée.

Le rejet de l'Autre est quotidien. Et cet Autre n'est pas forcément si loin ou si différent. Ce collègue dont les méthodes m'agacent, ce proche qui m'irrite, ces parents qui me désespèrent, ces amis qui me poussent à bout. Parle-t-on ici d'étrangers ?

Nous sommes tous fait du même humain. De ses qualités incroyables, de sa force, de sa joie. Mais aussi de ses défauts.
Il n'est pas question de couleurs. Il est question de nos parts d'ombre, nos côtés sombres que l'on projette sur les autres.
On est tous d'une seule et même couleur mais nos yeux nuancent, assombrissent les autres. Une seule humanité et des différences. Mais une seule humanité. Une communauté scellée dans l'existence, qui nous renvoie l'image de ce que nous sommes. Beaux et imparfaits.

On s’aveugle sans cesse et on se leurre. Avec ces différences qui nous font peur. Et de ces ressemblances que l'on n'accepte pas.

Un seul et même tout. Similaire et varié.
La différence fait peur et conduit au rejet, à l'isolement. Les ressemblances nous effraient et amènent au jugement qui divise.

Nous devons accepter de faire partie d'une seule et même humanité. Belle et imparfaite. Aimer sa diversité et l'accueillir avec bienveillance. Accepter aussi ses défauts, ses déviances qui sont aussi les nôtres.
Cet âme humaine qui nous relie nous la partageons tous. Ses bons côtés et ses mauvais. Il n'y a pas de meilleurs humains que d'autres. Il y a des histoires différentes qui façonnent une existence unique pour chacun.

Nous voyons face à ces Autres, étrangers ou similaires, tous ces nous. Nos propres défauts, nos imperfections, nos agacements et nos frustrations d'êtres inaccomplis. D'être inaccompli. C'est ce qui m’irrite tant. Voir mes propres défauts, ceux de l'âme humaine, dans le comportement des Autres. Et je les rejette ces Autres comme pour rejeter mes propres déviances.
De cette façon, par le rejet de l'autre nous nous voyons plus beaux, plus aboutis. Ce que je reproche à l'autre, ce qui m'agace chez lui ne peut pas être en moi. On extériorise nous défauts, on les projette sur les autres comme croit nous en séparer. On n'essaie pas de grandir. On reste toujours plus haut en abaissant l'autre.
On se leurre de s'aimer en s’agaçant des autres. Pour s'accepter il faut aimer l’Autre. Cet Autre soi. Cette révélation de ses propres défauts.
Non il n'y a pas d'étrangers sur cette terre. Il n'y a que des nous, que moi.

Pour aimer l’Autre il faut dépasser notre peur et se jeter totalement dans ce grand tout qu'est la communauté des Hommes. Se dire que ce que l'on reproche, ce que l'on rejette c'est aussi un peu de nous. Prendre conscience que ceux que l'on juge, c'est un jugement que l'on porte sur soi.
Se dire que l'on n'a pas toujours raison. Que comme on s'aime on doit aimer les autres. Et aimer les autres pour s’aimer soi.

Ces ombres projetées sont notre lumière. Par leur bienveillance, leur amour, leur attention ils nous illuminent et nous grandissent.
Combattons nos peurs, résistons à la facilité du jugement, retenons nos pulsions égoïstes. Soyons égoïstes d'une autre façon, soyons cartésiens du bon sens, embrassons l'évidence, l'existence. Exister ce n'est pas être le meilleur. Exister c'est être aimé, c'est aimer !
Accueillir l’Autre c'est se rencontrer soi. Parce que tout simplement chaque Autre est un soi. Dans ce qu'il a de beau et d’irritant. Parce que personne n'est parfait, pas même soi. Et parce que l'âme humaine sera plus belle avec de la tolérance, de l'empathie et de la curiosité.

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