L'impossible adieu

by - novembre 13, 2017

Je n'y arrive pas, je ne m'y fais pas. Toutes ces rencontres, ces gens qui entrent dans nos vies pour quelques minutes, une nuit ou quelques jours au mieux. Je ne sais pas dire adieu, et je ne m'y résous pas !

Chacun laisse une trace indélébile, comme des petits cailloux semés. Quand on se cherche, c'est utile et précieux pour se retrouver. Et quand on ne sait pas où aller c'est inspirant. Comme un sentier qui se balise au fur et à mesure.
Il y a ceux croisés sur la route avec lesquels on roule, quelques minutes ou quelques heures. Il y a ceux que l'on trouve par hasard sur warmshowers et que l'on prévient souvent au dernier moment. Et il y a ces soirs ou l'on est annoncés. On va chez des gens chez qui on est recommandés. Quasiment tous étaient des inconnus avant la première bise ou la première poignée de main, souvent maladroite et retardée par l'encombrement de nos montures. Chacun nous offre des moments uniques, magiques. Un simple bout de route avec Noël ou Alexis. Une soirée, un repas, une bouteille de vin souvent. Un toit et une douche aussi. Les crêpes de Karen, la soupe de Kristell, le “tembled” de Vincent, le chocolat chaud de Françoise puis celui de Charlotte, le gâteau de Luce, les châtaignes, le foie et la saucisse de Pierre, les tripes et le jus de pommes chez Julien, la ficelle picarde de Véronique… La mousse au chocolat aux olives confites chez Sébastien !

Avec Daniel et Véronique
Il y a surtout ces échanges, ces discussions, ces partages, difficiles à décrire, impossibles à écrire. Cette simplicité chez Marion et Clément, les discussions sur le monde et son fonctionnement chez Vincent et Françoise. Tous ces nouveaux horizons découverts avec Pierre, Luce et Chêne. Aurélie et Fred avec qui tout est si évident qu'on a l'impression de les connaître depuis des années. Daniel et Véronique qui nous racontent l'usine et les valeurs dans le travail qui nous paraissent d'un autre temps, et pourtant… Le parcours, la démarche et l'histoire de Seb. Certains nous ont même présenté leurs amis. On a rencontré les familles de nos amis, les membres de la Team Thomas Ruyant (Et Thomas himself)... Je ne peux pas lister tout le monde ! Il y a même Sonia que l'on n’a pas rencontrée mais qui nous a laissé sa maison.

Vincent de la maison terre/paille
Toutes ces rencontres sont différentes, chacune est censée être éphémère. Et pourtant je n'y arrive pas. Je ne sais pas dire adieu. Je ne peux pas accepter que ces personnes si riches, si humaines, traversent juste ma vie pour quelques heures. Je ne conçois pas qu'elles puissent en sortir dès que l'on se quitte sur le pas d'une porte ou sur un bord de route.

Pierre et Chêne 
Chacune est un éclat de lumière par sa foi en l'humanité, la confiance qu'elle accorde à chaque personne et par les inspirations qu'elle nous offre. Alors tous les matins c'est pareil. Un petit déjeuner qui traîne pour ne pas partir, les derniers instants, toujours un peu gênés, les mêmes paroles prononcées : “aurevoir, à tout bientôt”. A tout bientôt…
Et cette incapacité à trouver les mots pour remercier, pour exprimer ce que je ressens, tout ce que ces moments déclenchent en moi. Les leçons, les inspirations, le réconfort… Comment le dire ? On laisse un mot, parfois un cadeau de ce que l'on nous a donné (les poissons de Marion). Mais toujours ce vide, cette frustration, un regret de se dire que ce n'est pas au niveau de ce qu'ils m’apportent. Et je ne parle pas de nourriture, lit ou douche. Trouver un jour un moyen de l'exprimer, de leur dire, de leur faire sentir… D'autant que chacun nous laisse un mot extraordinaire dans notre carnet.

Au moment de se quitter avec Julien 
La chance de se revoir ? Je ne sais pas mais ça ne tient qu'à nous. Chaque rencontre est liée à celle qui la précède car toutes ces personnes ont en commun cette hospitalité, cette simplicité et cette fraternité qui fondent un humain pur et cristallin qui apaise, qui rassure et qui réchauffe. Alors dire adieu serait comme briser un élan, une chaîne dont chaque rencontre est un maillon. Cette chaîne c'est elle aujourd'hui qui entraîne nos roues, qui avale les kilomètres, qui adoucit les côtes, qui réchauffe les corps, les cœurs. Et on se projette ensemble. On essaie chaque fois de trouver une occasion de se recroiser. Alors on se dit à bientôt. Oui on se reverra ! 
Sur un chantier de rénovation participatif, sur les routes, en Géorgie, en Norvège, au gîte, sur une course, un trail ou une rando... Au Jardin du Trèfle sans aucun doute, à La Cour de Rémi pour sûr… Et avec certains on s'est même déjà revu : Clément sur les docks du Havre. 

Je dois aussi parler des amis que l'on retrouve sur le chemin. Ysé que je n'aurai peut être jamais revue. Et qui après une belle pause à Lannion fait partie des gens que je ne perdrai plus jamais de vue.

Ysé
Gwen, Christophe, Estelle et Chloé. Un déjeuner et une après-midi si intense, si paisible aussi, si simple et naturelle. Depuis la première rencontre j'avais cette envie de les connaître plus intimement, de me rapprocher d'eux. Je savais qu'il y avait là des gens et un foyer en or. Et la décision de passer par Lille a été très fortement influencée par leur présence dans la région. Comme une envie de ne pas partir, et déjà la furieuse attente de les revoir ! 
Il y a eu aussi Jo, Marie Charlotte, Louisa et Celestine a Lavagnac. Puis Vincent, Nico, Emilie, Aurélie, Nico, Jeanne, Charlotte, Hervé. Au Havre puis à Lille. Que dire ? Je ne sais même pas ! Il y a la générosité bien sûr, la simplicité aussi, la complicité, les rires aux éclats, les enfants… Ils sont là pour nous comme si tout était normal. Se déplacer pour nous voir, les kilomètres, la fatigue. S'adapter à nos dates, tout organiser, nous prendre en charge.

Nico ×2, Mimi et Aurélie
Putain les copains !! Qui nous donnent tout sans rien calculer, comme si tout était normal ! Une claque dans la gueule. 
Lorsque l'on est parti et que l'on n’a plus de chez soi, c'est tellement bon d'avoir ces refuges qui jalonnent notre route. Voir les copains c'est si important. Ne pas disparaître pour eux. Malgré l'éloignement, malgré une route divergente. Voir grandir les enfants. Les sentir derrière nous. Recevoir juste un message, un mot, une photo ou même un simple commentaire...
Au moment d’écrire ces mots j'ai le torse bien trop étroit pour contenir tout ce que j'ai à l'intérieur quand je pense à tout ça ! Le cœur qui s'accélère avec cette impression qu'il grossit et qu'il va dégoupiller comme un bouchon. Les entrailles qui remuent. Et cette rage de se dire que l'on n'est pas grand chose. D'être pris en charge, mais surtout de les avoir là avec soi, de devoir remonter sur le vélo et les quitter. Alors cela me bouleverse et déclenche un raz de marée de questions.

Quel est le sens de tout ça ? Devenir une charge pour ses amis, leur imposer nos contraintes, s'éloigner, partir… Les enfants nés récemment que l'on ne connaît pas. Ceux qui vont arriver bientôt et je ne serai pas là. Les amis qui ont acheté une maison et je suis loin. Les coups de blues des proches que la distance ne permet pas d'atténuer. Les funérailles auxquelles je n'ai pas pu me rendre. Et pourtant il m'a tant donné et tant inspiré… Et tout ce quotidien que je ne partage plus avec vous. Accepter est difficile.

Le voyage est riche de rencontres et de rapprochements incroyables. Et chaque jour j'espère qu'il ne va pas m'éloigner du sens de ma vie : vous ! Je sens votre souffle dans mon dos, j'espère qu'il ne va pas mollir. Encore une fois lorsque l'on va quitter Nico et mimi demain matin, je leur dirai “aurevoir, à tout vite”. La chaîne se poursuit, l'élan ne s'essouffle pas. L'esprit sera triste, je sais que ça sera dur, mais le coeur sera plein. Prêt à accueillir les prochaines rencontres avec envie, avec surprise. Et impatient de recroiser les copains bien vite. Continuez à semer partout autour de nous de si belles rencontres. Faites fleurir vos amis, vos connaissances, votre famille sur notre chemin. En attendant de se voir cela nous rapproche !

Et prévenez les : non, je ne saurai jamais dire adieu...

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1 commentaires

  1. N'apprends pas à dire adieu ! Surtout pas ! À tout vite, c'est parfait... Parce que ça veut dire qu'il y aura un "encore" 😊 Continuez vie périple et revenez quand vous voulez, bientôt, vite, c'est vous qui décidez. Ou parfois la vie le fera pour nous 😉 En tout cas, un grand merci de votre passage à la maison. C'est vous 2 qui avez éclairé notre journée (et celles qui suivent depuis...). Merci de votre amitié aussi, c'est précieux. Et puis, cContinue à écrire Vindya, tu as une belle plume et moi je continuerai à te lire, à voyager, à rêver grâce à toi... Et surtout, tous les deux restez tels que vous êtes.

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