La Bosnie les yeux écarquillés

by - juin 12, 2018

La Bosnie c'était avant la Serbie évidemment. On fait les choses à l'envers mais ce pays merveilleux mérite un article !

Après quelques semaines dans le sud de l'Italie, nous n'avions pas envie de remonter le pays à vélo : nous avons décidé de prendre un bateau depuis Bari pour Dubrovnik. Tout juste débarqués nous sommes montés jusqu'à la frontière bosnienne pour emprunter le Ćiro Trail, une voie de chemin de fer reliant Dubrovnik à Mostar fermée dans les années 70 et transformée en piste cyclable de 160km de bonheur.
Début du Ćiro sous le crachin
Nous ne savions rien du pays, si ce n'est ce que nous nous rememorions de la terrible guerre qui s'y déroula entre 1992 et 1995 - c'est-à-dire peu de choses. Sur le Ćiro les stigmates du conflit sont partout : champs de mines, villages en ruines, impacts de balles sur les habitations. Un voyage qui commence donc sous le signe de l'émotion, mais aussi de la beauté avec des étapes dans une nature brute et des montagnes qui nous appellent à l'horizon. La Bosnie nous cueille et nous émerveille d'autant plus que nous ne nous la représentions pas du tout.


À Mostar nous retrouvons la civilisation et mesurons que l'aventure commence vraiment : jusqu'à présent nous étions en terrain connu culturellement et linguistiquement, là tout est différent.
Le Stari Most, bâti au XXIème siècle, détruit en 1993 et reconstruit en 2004
Pour rejoindre Sarajevo, nous évitons la route principale qui passe par Konjic et choisissons les montagnes ; c'est tout bonnement splendide, vert, sauvage, avec des sources et des forêts idéales pour bivouaquer.
Rude ascension sous le cagnard depuis Mostar
On en prend plein les yeux. À 1600 mètres, Vindhya déclare même : "C'est tellement beau que je pourrais mourir là". Heureusement qu'il a survécu pour voir la suite.

Nous sommes descendus par le mont Igman, dominé par Bjelaśnica, deux des "Olympic Mountains" qui entourent la capitale.
Frérots fierots au pied du tremplin de saut à skis, une des infrastructures (abandonnée) des JO de 1984
Tout en bas nous avons rencontré Eldin, baroudeur qui nous a invités chez lui à prendre un café, puis à manger du gâteau (alors que lui-même fait le ramadan) puis à l'accompagner à la prière. Cette partie du pays est majoritairement musulmane et, nous ne cesserons de le découvrir, d'une hospitalité incroyable.

Après avoir promis à Eldin de le revoir, nous sommes entrés dans Sarajevo. Et très vite nous avons décidé d'y rester un peu : déjà, Bertha avait besoin d'une nouvelle transmission et surtout, malgré son récent siège qui a duré plus de 3 ans et qui est rappelé par des signes discrets mais nombreux (dans les cimetières, la plupart des tombes indiquent des décès entre 1992 et 1994), la ville est joyeuse et dégage une énergie incroyable. On a adoré l'ambiance douce et paisible, le mélange des communautés et le fait qu'en 20 minutes de marche, on se retrouve dans la montagne.
Sarajev-haut
Le jour prévu de notre départ vers la Serbie, Eldin nous a envoyé un message : il nous invitait à célébrer l'iftar avec ses amis. Cela nous faisait retourner 20km en arrière mais nous n'avons pas hésité : ce sont les rencontres qui donnent un sens à ce voyage. Quelle soirée inoubliable ! Nous avons parlé avec Amir, Yasmina, Eldin et les autres de l'avenir de la Bosnie, de l'islam, nous avons mangé et bu des cafés et des thés jusqu'à 3h du matin, heure à laquelle nous sommes allés à la mosquée pour la prière.
Refaire le monde toute la nuit
Le lendemain, Amir a pris de son temps pour nous emmener dans les montagnes avoisinantes.
Ce qu'il reste de l'hôtel où Amir et sa famille ont été déplacés en 1992. Les Sarajéviens s'y entassaient à 15 par chambre.
Nous avons finalement jeûné 2 jours avec Eldin et sommes restés chez lui comme des pachas avec sa maman et sa tante, ses amis et ses proches.
La tante d'Eldin prépare l'un des plats traditionnels bosniens : le burek


Puis nous avons repris la route vers une autre Olympic Mountain, Jahorina, et pédalé encore deux jours dans une nature sublime avant de rejoindre la Serbie - ça c'est une histoire que Vindhya vous a déjà racontée !




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