Turquie, mon amour

by - septembre 08, 2018

Tes rondeurs et ton profil charmeur. Voluptueuse, pulpeuse tu ne te laisses pas facilement découvrir. Des efforts il en faut. De la patience aussi, comme une ronde de séduction. On a été deux, trois et puis seul…


Il y a toi, ton assurance et ta prestance et ta beauté. Et moi. Maladroit, malhabile, gauche comme un adolescent face à sa dulcinée.
Ce n'était pas gagné. Trop grande, trop orientale, trop éloignée de ma culture européenne j'avais une appréhension. Je voulais te zapper, traverser sans te regarder, les yeux fermés.
Mais tu m'as pris la main. Tu as fendu ma carapace et j'ai aperçu la lumière. Une romance courte, comme une histoire de vacances. Déchirée par un train sifflant dans la nuit.


Mais je voulais lui donner un lendemain !
Plusieurs semaines j'ai patienté. J'ai fait des choix difficiles. Pris des décisions déchirantes. Une notamment. Laisser une partie de ce voyage sur le ponton de Batumi et bourrer mon sac à dos, déjà plein, d'inquiétude, de tourments, et de culpabilité. Pour toi !

Et toi tu étais là. Tu ma accueilli les bras ouverts, le sourire aux lèvres et la main sur le coeur.
Tu n'as pas pris une ride. Je t'ai retrouvé encore plus belle, plus riche, plus diverse et plus cultivée que dans mon souvenir pourtant frais. Tu m'as offert mon paradis. Des paysages, de la montagne, des plateaux et des vallées. Des routes asphaltées, d'autres abîmées. Des chemin de poussière, de terre blanche, rouge, grise. Un festival de couleur. Les ocres, le rouge, le bleu, ce gris bleu si intense… Une géologie parfois étonnante, toujours hallucinante.


J'ai eu les klaxons systématiques, les appels de phares, les arrêts en plein milieu de la route, les cris, les applaudissements. Les manifestations exubérantes, les saluts plus discrets, les bras qui s'agitent, les chapeaux qui se lèvent, les bâtons tendus bien haut. Les visages qui s'éclairent. Les enfants comme escorte.

Désolé je ne sais pas ralentir...

Plus d'un mois avec toi. Parmi les tiens. Une infinité de moments fugaces. Autour de nombreux thés, de bouteilles d'eau, de concombres, de tomates, de gâteaux, de melons et pastèques, de poires, de figues. Il n'y a aucune limite à la générosité des tiens. Et certainement pas la taille du sac à dos ni le fait d'être en vélo !
D'autres moments plus consistants. En famille toujours. Autour d'un déjeuner, d'un dîner, d'une soirée et d'une nuit. A sortir les vaches, faire le beurre, visiter les ruches, goûter le vin...
Des âmes, des amis sincères, que je viendrai revoir, il y en a à la pelle ! Ces rencontres qui ont illuminées mes journées et qui sont pour toujours un bonheur dans ma vie et un lien avec toi.

Je t'aime Turquie pour tout ça. Pour tes paysages, tes routes et pour tes habitants. Parce qu'autour du thé on retrouve souvent tout le village. Vieux et jeunes, petits et grands. Lorsque les femmes seront aux tables le tableau sera celui d'un paradis. Celui où les gens savent se retrouver, se réunir, et prendre le temps.
Parce qu'avec toi je n'ai jamais été en danger. Même dans tes coins les plus reculés, sans garde manger et sans opportunité d'en acheter pendant plusieurs jours j'ai toujours mangé plus qu'à ma faim. C'est l'hospitalité turque il paraît. Quelque chose qui paraît si simple, si naturel. Inviter, recevoir. Partager la même table, parler, échanger, même sans se comprendre par les mots. Pas un devoir ou une obligation, un plaisir.

Ce sentiment si pur et si intense d'être juste là a sa place. Une alchimie parfaite entre le lieu, le moment et le bonhomme.

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