Béatrice, Alain, Marcel et les autres

by - octobre 02, 2017

Le petit départ (celui donc qui précède le moyen et le grand), ce furent 3 jours et 300 km entre Chouzé-sur-Loire et Caen. Et ce que je retiens de ce trajet, ce sont les rencontres.
D’abord il y a eu ces gens sur le bord de la route qui m’ont encouragée, parlé longuement ou ont rempli mes gourdes puis, au terme du premier jour, il y a eu Béatrice, Alain et leur fille Tiphaine, mes hôtes Warmshower. Déjà sur leur profil ils m'étaient sympathiques : ils y précisent simplement que s’ils sont chez eux, leur porte est ouverte. Cela en dit long sur leur générosité… Leur compagnie et le repas furent également délicieux. Je suis repartie le lendemain matin les sacoches lestées d’une tablette de chocolat et d’un sandwich aux rillettes et le cœur léger. Mais mon enthousiasme a rapidement été douché par les difficultés à sortir du Mans et à trouver la bonne route. J’avais décidé de rouler jusqu'à Sées. À 16h30 j'étais encore à 30km et j’ai commencé à me demander ou j’allais poser la tente.
 Le GPS me faisait tourner en rond, le temps passait, je fatiguais… Perdue dans la forêt d’Écouves, j’ai tenté de m'orienter à la boussole, sauf que je ne suis pas Indiana Jones. Au dixième chemin emprunté, je me suis arrêtée dans une fermette demander ma route. Deux gars sur un tracteur bossaient dans la cour : gars n°1 "Vous allez à Sées ? Mais vous n’êtes pas du tout sur la bonne route, si vous continuez par là c’est chez moi que vous allez dormir" Moi "Chiche !" Lui "Ça ne me dérange pas, j'ai deux chambres et je suis seul." Voilà comment je me suis retrouvée chez Marcel, 63 ans, jardinier communal mis à la retraite suite à un infarctus.
Marcel a une modeste maison avec des terres, 12 poules et un cochon qu'il a appelé Macron. Après avoir terminé leur labeur – le temps que je prenne une douche – Marcel et son ami Dominique s'envoient un whisky et me racontent leurs souvenirs d’internat, dortoirs de 120 lits et réveils brutaux au milieu de la nuit pour des garde-à-vous qui pouvaient durer une heure. Marcel glisse qu'il est un gosse de l’Assistance, je n’ose pas en demander plus mais quand il en parle, ça sonne vraiment comme le contraire d’un enfant de l'amour. Dominique parti, il farfouille dans son réfrigérateur pour mettre des restes sur la table, s'excusant de ne pas avoir préparé à dîner. On mange côte-à-côte face à la télé. Il n’a pas l'habitude d’avoir de la compagnie Marcel, mais même s'il ne l'exprime pas (il dit : "Ça me dérange pas"), j’ai l'impression que ça lui fait plaisir d'échanger. Cette soirée est en tout cas inoubliable pour moi. Le lendemain matin lorsque je me suis levée, Marcel était déjà parti nourrir Macron et il m’avait préparé un café et des tartines.
J’ai chargé mon vélo, il m’a dit que s’il n'avait pas eu le rendez-vous pour son contrôle technique il m’aurait déposée et me propose de repasser si besoin, "ça ne (le) dérange pas". La journée fut tour-à-tour belle, pénible, enthousiasmante et ennuyeuse et je suis arrivée rincée (dans tous les sens du terme) chez l’ami Guillaume, qui par sa compagnie a lui aussi sauvé ma journée.
Ce sont les Béatrice, Alain, Tiphaine, Marcel ou Guillaume qui donnent tout son sens à ce voyage. Ces rencontres n'ont pas de prix, elles sont le moteur de notre périple.
Maréva

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2 commentaires

  1. C'est juste beau et fort, la vie un tour de roue après l'autre. Bravo, Maréva <3 (et Macron le cochon haha)

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  2. On pense à vous au moment de boucler nos sacoches... 4 jours avant le départ.
    https://2p2r-vietnam-et-amities.blogspot.fr/

    Bonne route !

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