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Velicita - un tour à vélo

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2 mois. 2 mois déjà… 2 mois…
Il y a deux mois je quittais la Pologne. Par les airs. Vélo démonté, emballé. Je quittais la Pologne et je mettais fin à mon itinérance, à mon voyage. Fin à ces rencontres de bord de route, à ces émerveillements. Fin aux pains grignotés sous la toile de tente, fin à l’incertitude du où je vais dormir ce soir.
Fin à cette intensité de vie. Dans l’euphorie comme dans les doutes.
Et Maréva qui continue !


Déménagement

2 mois, c’est beaucoup. C’est 4 pays à vélo.
2 mois, c’est peu. Une vie à réorganiser. Et seulement quelques lignes sur un papier.

Dans l’urgence, se ré-équiper. 2 pantalons, 2 pulls, 2 t-shirts, quelques sous vêtements qui ne changeront pas tous les jours et une paire de chaussures "mettable". Le reste ? Ce doit être de l’accessoire.  

Appartement. 
J’ai quelques anecdotes comme derniers bulletins de salaire et mes sourires pour caution M le propriétaire. 
Bon OK alors à 36 ans je vais demander à un ami de se porter caution et je vais demander de l’argent à Môman. 
L’égo s’est amenuisé pendant le voyage, la vie est bien faite.

Et puis le quotidien quoi. Le rythme, la sédentarité, les horaires, l’entreprise, les objectifs. Et bien oui ça prend du temps. Plus que je ne l’aurai anticipé. J’aurais voulu arriver, exceller, apporter des solutions immédiates. Déjà dans un contexte plus classique ça n’arrive jamais, mais alors là... 
La patience s’est timidement immiscée dans ma vie pendant le voyage, la vie est bien faite.

Les journées passées sur une chaise, à l’intérieur, devant un écran. Des kilomètres oui, des textes au kilomètre.

Et oui, Mac ordi

Un corps aussi qui tant qu’il était sous la contrainte ne se posait pas la question de son fonctionnement.  Et comme par hasard, maintenant qu’il est dans le confort : excès, mal aux dents, gras et déchéance… Relâchement. Espiègle ! La facilité est un chemin bien tentant.

Bon tout cela au final c’est quoi ? Des tracas, des contrariétés ? Des contraintes ? 
Et bien non. Tout cela n’est qu’un éclat de joie. 

J’ai la chance d’avoir eu le choix. Le choix de cette situation privilégiée. Et le privilège de la confiance qu’on m’accorde. Je suis heureux. En itinérance ou sédentaire. Une vie différente. Mais heureuse.

Sur mon chemin ici au Nord il y a tant de belles rencontres. Des gens qui pensent et qui agissent. Qui s’engagent. Pour les autres. On cherche toujours ailleurs ce que l’on a devant soi. Devant soi ou en soi-même (si vous me lisez du côté du Souffle…).

Je suis là, au Souffle du Nord. Si heureux et privilégié de faire parti de cette équipe. Si gêné aussi.

Entre la volonté et l’inutile. L’envie débordante et les bras ballants. Les sourires, j’espère, toujours présents. Je veux mais je n’arrive pas. Pas encore. Pas encore totalement rentré, certainement. J’espère. 

Des gens aussi qui ont une histoire incroyable. Des accidents de vie terribles et injustes et des rebonds si forts, si puissants, si inspirants. Une lectrice notamment se reconnaitra. Et un futur astronaute.
Des aventuriers aussi, des vrais. 

Il y a aussi les amis retrouvés. Certes pas tous et pas assez. Mais les moments complices, les gardes d’enfant, les histoires racontés. Les éclats de rire, les verres partagés. Les maisons squattées. Entre Garonne, Seine et Youle.
Je suis entre la félicité et la frustration. L’envie d’être tout le temps partout avec vous tous à la fois. Mais toujours le bonheur d’être avec certains pour un moment fugace.

Alors voilà, j’entends souvent cette question : alors, c’est comment ? C’est comment… 

C’est bien, c’est beau, c’est intense. C’est différent mais c’est pareil. Les rencontres, les gens, les copains. Un humain pour un humain. Et l’Existence pour compagnon. Oui c’est bien, c’est beau, c’est joyeux. 

Le retour n’est pas difficile. Bien sûr il y a des moments nostalgiques. La nostalgie n’est qu’un retour sur le bonheur au final. Comme lorsque j’étais sur mon vélo et que je pensais à vous que je voyais plus régulièrement avant mon départ.

Je suis rentré, mais le voyage continue. Le voyage c’est une vie, une Existence. Qui change, qui prend des chemins inattendus, qui met sur ma route de si belles rencontres, de si belles âmes. En plus de toutes celles qui m’entourent déjà et me nourrissent : les vôtres. 

A ceux qui se demandent ce que ça fait de rentrer, je dirai que ça fait du bien ! Du bien comme tout ce que je pourrai faire d’autre : rouler, marcher, courir, travailler. 

Une vie qui se poursuit.

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"Fait pour quelqu'un, quelque chose de repartir, de revenir vers l'endroit d'où il est venu ; déplacement, voyage ainsi accompli". Voici comment le Larousse définit le retour. Alors qu'en est-il lorsque justement il n'y a pas d'endroit où revenir ? Quand on ne peut (ou ne veut) pas retourner là d'où on est parti ?


Ce voyage n'a jamais eu de but, il en va encore ainsi. Il continue à un rythme différent, celui des retrouvailles avec la famille et les copains, celui des rencontres. Parce que je ne sais pas où m'arrêter, parce qu'il me semble que je ne sais plus faire que cela, je roule. Je ne pensais pas qu'il serait aussi difficile de mettre un terme à cette vie nomade. J'ai du mal à me défaire de cette extraordinaire liberté : pouvoir laisser place à l'imprévu. Revenir sur mes pas pour une partie de frisbee ou une randonnée, décider au débotté de charger le vélo dans une remorque, faire un détour pour honorer une invitation à déjeuner...


La bohème devra bien cesser, je ne pourrai pas voyager éternellement, mais si seulement je pouvais garder un peu de la spontanéité qu'elle permet ! Je sais que je suis gonflée, ce périple m'a déjà tellement apporté, mais je cherche LA rencontre - avec un lieu, une énergie, une personne - qui me donnera envie de poser mes sacoches. Il y en a bien eu une, mais parfois les planètes ne sont pas alignées, il faut écouter la raison (pourquoi au fait ?) et j'ai poursuivi ma route en m'efforçant ne pas me (y) retourner.


Alors je poursuis mes flâneries, le nez au vent. C'est très égoïste comme attitude, je peux le faire grâce à ceux qui m'accueillent en courant d'air, à la dernière minute, à ceux qui m'accompagnent pour un bout de route, à ceux qui me laissent une clé sous le paillasson "au cas où", à ceux qui écoutent mes envies et m'aident à les réaliser, à ceux qui ont essayé de me suivre ou de m'attendre, à ceux qui continuent. Un immense merci à vous.


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Le vent souffle donc vers le nord, la région lilloise plus précisément. C'est là bas qu'est mon vélo et qu'il m'attend.



Déjà je veux vous remercier tous pour vos nombreux messages. D'inquiétude et d'enthousiasme, témoignant toujours de votre bienveillance. Après un an d'éloignement ça touche vraiment. MERCI !

Après une dernière (et première) rencontre ils m'ont donc confirmé leur confiance. Quel privilège !
Si je suis rentré, si j'ai arrêté de pédaler, si j'ai empanné c'est donc pour eux, pour cette association. Pour les personnes qui y travaillent au quotidien et ceux qui la soutiennent. Pour les valeurs qu'elle défend et les causes qu'elle propulse. Pour les supports qu'elle utilise : le sport et l'aventure.
L'association c'est Le Souffle du Nord. L'impression que ça me correspond bien. 


Ce virement de bord à été brutal et soudain. Précipité aussi. Mais il me dirige sur un chemin cohérent. Je m'y engage avec bonheur, enthousiasme et impatience. 

Il y a cette vie qui m'emporte. Toujours sur un chemin heureux. Je me sens comme sur un vélo qui file poussé par le vent, comme un bateau porté par un long surf sur une vague. 

Je nous attends aussi maintenant. Je nous attends autour d'une bonne bouteille de vin dans le bordelais, un bon fromage posé sur une table en Normandie, une frite à Bruxelles, une gaufre à Liège, un foot à Toulouse, du bonheur en Aveyron, à Font Romeu, dans le pays basque, des courses en montagnes, des escapades bretonnes, quelques exercices et une glace à Nice,  la chaleur des Vosges... Je vous espérerai aussi à Lille pour un potjevleesch et une bière si vous voulez. 
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Il est trop tôt pour partager autre chose que les faits. Les émotions sont là, bien présentes, mais encore trop intenses et confuses. Je ne suis plus voyageur à vélo. Demain je prends un avion qui me ramène en France. Mon vélo démembré dans son carton.



Je viens de voir disparaître ma vie matérielle derrière le comptoir de la poste polonaise et je réalise… Dernière nuit de ce voyage extraordinaire, intense, inspirant.

Poste de Gdansk
Tout s'est passé si vite ! Une opportunité, une confiance accordée, un courant qui passe. En quelques heures à peine il a fallu décider. Quitter la vie de voyageur à vélo. Quitter aussi l'option de rentrer à Toulouse, chez les copains et près de la montagne.
Sur un fil. Comme toujours.

J'ai fait le choix de suivre le chemin que la Providence semble avoir pour moi. Il y a énormément de signes… Et j'ai une confiance aveugle en ce qu’elle fait pour moi.
Alors il ne sert à rien de ramer à contre courant, de pédaler contre le vent. Je rentre. Pour une nouvelle vie, une nouvelle ville. Il n'y a de fin à rien. C'est une vie qui continue, un garçon qui fait son chemin. La joie, l'enthousiasme, les sourires, les rencontres, les découvertes… Il y a en encore tant à venir ! Je suis heureux et excité. Et je mesure ma chance, incroyable.

Un nouveau chapitre, et ses pages à écrire. J'espère y voir figurer le nom de chacun d'entre vous. Chiche ?
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Parfois je me demande si je ne suis pas maso... A aimer ces ciels de grain.


Quelques degrés en moins, le vent qui se lève. En quelques minutes seulement. Le ciel qui s'assombrit, comme si la lumière, le soleil lui même voulaient se mettre à l'abris.

Et, subitement, la pluie qui tombe. A torrents.
Je regarde ce ciel. Je contemple. Il y a cette profondeur de gris, presque noir. Et son intensité, qui tire sur le bleu. Il y a cet entre-deux, avec la lumière, tranchante à l'horizon.


Quelques minutes d'apocalypse seulement. Juste là au dessus de moi.  Et tout autour, la lumière. 
Et soudain plus rien. 

Le vent qui tombe. La pluie cesse et la douceur qui revient. Le système météo est emporté par sa propre intensité. Le ciel nettoyé. Il laisse derrière lui le calme d'après le vent, et les odeurs d'après la pluie. 

Je pense à ces marins, à ces skippers du Vendée Globe qui chassent ces systèmes météos. Soit pour les suivre, soit pour les fuire. 


Le spectacle est au-dessus sans aucun doute. Dans la lumière qui se cherche, dans ces dégradés qui se confondent. Et cette sensation égoïste en étant dehors, exposé, d'être le seul à en profiter.



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Tes rondeurs et ton profil charmeur. Voluptueuse, pulpeuse tu ne te laisses pas facilement découvrir. Des efforts il en faut. De la patience aussi, comme une ronde de séduction. On a été deux, trois et puis seul…


Il y a toi, ton assurance et ta prestance et ta beauté. Et moi. Maladroit, malhabile, gauche comme un adolescent face à sa dulcinée.
Ce n'était pas gagné. Trop grande, trop orientale, trop éloignée de ma culture européenne j'avais une appréhension. Je voulais te zapper, traverser sans te regarder, les yeux fermés.
Mais tu m'as pris la main. Tu as fendu ma carapace et j'ai aperçu la lumière. Une romance courte, comme une histoire de vacances. Déchirée par un train sifflant dans la nuit.


Mais je voulais lui donner un lendemain !
Plusieurs semaines j'ai patienté. J'ai fait des choix difficiles. Pris des décisions déchirantes. Une notamment. Laisser une partie de ce voyage sur le ponton de Batumi et bourrer mon sac à dos, déjà plein, d'inquiétude, de tourments, et de culpabilité. Pour toi !

Et toi tu étais là. Tu ma accueilli les bras ouverts, le sourire aux lèvres et la main sur le coeur.
Tu n'as pas pris une ride. Je t'ai retrouvé encore plus belle, plus riche, plus diverse et plus cultivée que dans mon souvenir pourtant frais. Tu m'as offert mon paradis. Des paysages, de la montagne, des plateaux et des vallées. Des routes asphaltées, d'autres abîmées. Des chemin de poussière, de terre blanche, rouge, grise. Un festival de couleur. Les ocres, le rouge, le bleu, ce gris bleu si intense… Une géologie parfois étonnante, toujours hallucinante.


J'ai eu les klaxons systématiques, les appels de phares, les arrêts en plein milieu de la route, les cris, les applaudissements. Les manifestations exubérantes, les saluts plus discrets, les bras qui s'agitent, les chapeaux qui se lèvent, les bâtons tendus bien haut. Les visages qui s'éclairent. Les enfants comme escorte.

Désolé je ne sais pas ralentir...

Plus d'un mois avec toi. Parmi les tiens. Une infinité de moments fugaces. Autour de nombreux thés, de bouteilles d'eau, de concombres, de tomates, de gâteaux, de melons et pastèques, de poires, de figues. Il n'y a aucune limite à la générosité des tiens. Et certainement pas la taille du sac à dos ni le fait d'être en vélo !
D'autres moments plus consistants. En famille toujours. Autour d'un déjeuner, d'un dîner, d'une soirée et d'une nuit. A sortir les vaches, faire le beurre, visiter les ruches, goûter le vin...
Des âmes, des amis sincères, que je viendrai revoir, il y en a à la pelle ! Ces rencontres qui ont illuminées mes journées et qui sont pour toujours un bonheur dans ma vie et un lien avec toi.

Je t'aime Turquie pour tout ça. Pour tes paysages, tes routes et pour tes habitants. Parce qu'autour du thé on retrouve souvent tout le village. Vieux et jeunes, petits et grands. Lorsque les femmes seront aux tables le tableau sera celui d'un paradis. Celui où les gens savent se retrouver, se réunir, et prendre le temps.
Parce qu'avec toi je n'ai jamais été en danger. Même dans tes coins les plus reculés, sans garde manger et sans opportunité d'en acheter pendant plusieurs jours j'ai toujours mangé plus qu'à ma faim. C'est l'hospitalité turque il paraît. Quelque chose qui paraît si simple, si naturel. Inviter, recevoir. Partager la même table, parler, échanger, même sans se comprendre par les mots. Pas un devoir ou une obligation, un plaisir.

Ce sentiment si pur et si intense d'être juste là a sa place. Une alchimie parfaite entre le lieu, le moment et le bonhomme.
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Harcèlement : c'est un mot que j'ai hésité à utiliser, de peur d'être accusée d'exagérer.
Bien entendu La Velicita ce sont les incroyables rencontres que l'on vous raconte. Mais depuis que je suis seule c'est aussi pas mal d'angoisse et de méfiance.
Pour vivre heureuse, je vis cachée
Une fois séparée d'avec Vindhya, je n'ai pas fonctionné différemment : je saluais tout le monde et m'arrêtais régulièrement pour demander mon chemin. Et j'ai continué à accepter les invitations comme autant de petits cadeaux posés sur ma route. Seulement cela a systématiquement mal tourné : par deux fois les hommes de la maison ont tenté de venir dans mon lit, un gars m'a clairement invitée à partager son toit et son lit, un autre à côté de chez qui j'avais posé la tente est venu me proposer de l'argent pour coucher avec lui... Cela n'a jamais mal tourné mais c'était déjà trop.
Depuis je refuse évidemment les invitations à dormir lorsqu'elles ne proviennent pas de femmes ou de familles, me privant peut-être de belles rencontres.
Un peu de paracorde, un bout de chaîne et voilà une imaginaire bague de fiançailles
J'hésite même à m'arrêter en route depuis qu'un homme a essayé de m'embrasser alors que je mangeais un sandwich sous un abribus... J'ai cru que c'était moi, mon attitude, les vêtements. Mais soyons sérieux : je porte un cuissard (aka couche-culotte), un tee-shirt orange que les employés de la DDE m'envient, je me lave au mieux tous les 4 jours, mon corps n'a pas vu la trace d'un rasoir depuis un an et après avoir été tondus à 12mm, mes cheveux repoussent de manière anarchique. Et puis merde je n'y suis pour rien, c'est quoi ce réflexe qu'ont les victimes de de croire que c'est leur faute ? Je ne vais pas arrêter de sourire parce que des dérangés souvent avinés y voient une provocation !
Heureusement il y a toujours des gens merveilleux (Alina, Maria, George, Laurențio, Cristina, Ioan ❤), des pouces levés, de grands bonjours, des sourires et des encouragements.
Mais à cause des rires gras et des regards pesants, il me manquera pour la fin ce voyage une chose essentielle : la légèreté.
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Vivre. Exister.
Ne pas considérer la vie comme un vecteur temps.
Un début, une fin.

Street art Tbilissi 
Vivre et exister.
Ne considérer que l'instant.
L’éphémère. Le présent.
Celui qui peut se répéter un moment, un infini ou qui s'évanouit juste d'avoir été.
Être là. Totalement, pleinement.

Considérer le futur comme une succession d'instants présents qui s’étire.
Pas un potentiel à satisfaire, à exploiter, à modeler.
Un présent à explorer.

Des moments plus où moins heureux mais juste cette conscience, cette chance d’Être. Il n’y a aucune condition au bonheur. Pas de case à cocher, d'objectif à atteindre.
Rien à changer dans le moment
Rien à convoiter de mieux que ce qu'il nous offre. Pas de mieux ni d’autrement.

Choisir, faire, accomplir.
Sans arrière pensée, sans se poser de question. Avoir confiance d'Exister, quoiqu'il arrive.
Pas d'insatisfaction, de projection. Sans appréhension.
Rire, jouer, provoquer, taquiner. Sourire, s'ouvrir, souffrir.
En chier, s’émerveiller, travailler, pédaler, courir et travailler encore. Se poser, s'agiter.
Se saouler, se droguer.
Se gaver quand il y a.
Avoir faim quand il n'y a pas.
Chanter.
Danser même pourquoi pas !
Se chafouiner, s’engueuler, se haïr. Puis s'aimer.

Aimer.
Férocement.
L'instant, la vie, les gens. Les gens…
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J'avais tout prévu. Tout écrit déjà dans ma tête. Ça m'a occupé pendant un moment sur le vélo. L'article devait s'appeler “Ce moment où j'ai craqué”. Trop égocentré je m'étais perdu.
Leçon de vie.

Je devais vous parler de ces gouttes que je sentais couler le long de mes joues. Ces larmes dont la tiédeur tranchait avec la saisissante fraîcheur de la pluie. Ce moment où j'ai cédé au doute.

3 jours de pluie quasiment ininterrompu. Mon vélo blessé, handicapé, meurtri. Des longs cols à montrer, dont un à 2 600m, des montées sèches à plus de 10%. Avec une seule pédale, sans pouvoir se lever de la selle.

Ce n'est qu'un détail... Et pourtant !
Ma tente, Emma, mouillée, trempée, jamais séchée. Cette piste transformée en toboggan de boue.


Ces chiens venus goûter mes mollets, apparemment tendres et juteux, juste sous les yeux de leur maître qui n'a pas bronché. Ces conducteurs qui vous éjectent littéralement de la piste. Les mêmes qui vous arrosent de seaux d'eau sur la route inondée en vous croisant ou en vous dépassant. Ce clou venu transpercer le flanc de mon pneu et déchirer ma chambre à air.


3 jours intenses.
Oui, cet après midi j'ai craqué. Je me suis demandé pourquoi. Pourquoi autant sur si peu de temps ? Pourquoi dans ces conditions (boucle engagée, dans la montagne, pas de ville pour réparer, sous la pluie…) ? Pourquoi continuer...

Pourtant jusqu'à ce moment où j'ai senti sur mes joues le lit tiède de ces larmes je n'avais pas bronché. J'avais traversé ces moments avec bonheur, le coeur et les yeux grand ouvert. Je me suis régalé des paysages, émerveillé de tout plein de petites choses. Des fleurs, des signes, ce poulain qui n'avait au plus que quelques heures... J'ai été conscient tout de suite de la chance incroyable de rencontrer Rocio sur la route. Il faudra que je vous en parle !

Rocio devant le glacier
J'ai souri à tout le monde, y compris derrière ma capuche. Levé les bras pour saluer, même trempés, même cramponnés au guidon pour ne pas tomber. Alors pourquoi ?

Est ce que c'est parce que je suis parti seul, que j'ai quitté Maréva ? Est ce que c'est parce que j'ai été parfois infect avec elle ?

Cet instant où le doute m'accable ne dure pas longtemps. Peut être 1 ou 2 minutes. Le temps de rassembler mes pensées. J'ai choisi d'être là, vous êtes derrière moi, il n'y a pas de danger… Mais c'est intense. Presque à me faire vaciller.
Voilà cet article devait décrire cet instant où j'ai craqué.

Le sens des choses

Mais ce soir, grâce à Tamuna, mon amie géorgienne, j'ai rencontré encore des gens merveilleux. Mon vélo est réparé. J’ai pu me doucher et je dors au sec.

Ce soir devant la TV j'ai compris le sens de ces 3 jours. J'ai vu les infos. Vu les inondations, les routes coupées, les maisons dévastées, les familles isolées.
Tout à un sens dans l'Existence. Le sens de ces derniers jours s'est enfin révélé : me remettre à ma place ! Moi qui n'était que mouillé. Comment ai je pu à ce point me fourvoyer, m'enfermer juste dans ma petite personne ?

Je voulais sortir de ma zone de confort, c'est l'humilité qui m'a flanqué une bonne grosse claque dans la gueule. J'ai été remis à ma place.
J’en avais besoin.
Et j'y suis bien !
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Nous y voilà. Une même destination mais nos chemins qui se séparent.

Les chemins sont parfois escarpés mais arpentés avec le sourire ils mènent toujours vers un bonheur

Avec un peu de lucidité je pense pouvoir dire que c'est moi qui part. Moi qui ai besoin d'un autre voyage, de quitter le duo. Pour me libérer.
Pour la libérer aussi.

Après 10 mois tout recommence. Tout à réapprendre. Cette escapade sera différente, c'est une évidence. Il va falloir que je m’assume… Et que je me raisonne, aussi.
Quels seront les contours de cet Autre Voyage ? Je suis incapable de le dire aujourd'hui.

Je mesure la distance. Et je sais l'hiver approcher…
Le temps je l’ai. L’envie de passer un nouvel hiver dehors ?
Et puis il y a l'argent aussi. Ces prochains mois seront nécessairement plus ascètes. Il va me falloir apprendre la débrouille et sortir de ma zone de confort.

Les paramètres sont connus : distance, saisons, argent. Dans ce triptyque il y aura de nombreux bonheurs, de superbes rencontres. Et certainement quelques moments difficiles.
Je me jette dans cette nouvelle bambée avec beaucoup d'envie. Il y a ce besoin farouche que je sens si fort aujourd'hui et qui me propulse. Celui de vous retrouver.
Je (re)pars toujours avec cette même forme de naïveté. Naïveté portée par cette confiance aveugle et absolue de la bienveillance de l’Existence. Tout ce qui peut m'arriver de bien ou de moins bien débouchera toujours sur un bonheur. Naïveté renforcée plus que jamais par ces 10 derniers mois.

L’été est là, ici en Géorgie et partout où vous êtes. Et dans quelque mois nous verrons et nous partagerons ensemble, enfin le même hiver ! Voilà aujourd'hui ce qui me propulse.
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Ce voyage je ne l’ai absolument pas préparé physiquement. Je n’ai jamais été une grande sportive et je ne le suis pas devenue avant de prendre la route.
Ce que je préférais dans le vélo, c'était la pause bière
Partager cette aventure avec Vindhya était audacieux : c’est une bête physique, qui aime le dénivelé et peut rouler 180km sans rien avaler. Dès le début nous avons mis les choses au clair : le rythme de ce voyage serait le mien, soit deux à trois fois moins rapide que le sien
Un an avant le départ il a terminé le Grand Raid de la Réunion. Mate les mollets
Parce que je n’avais pas de téléphone, c’est lui qui a rapidement pris en mains la gestion des itinéraires. Amoureux fou de la montagne, il est sans cesse aller la chercher et m’en a fait voir : passer un col dans un pierrier dans les Cévennes, rouler les GR dans Luberon, prendre la route des crêtes dans le Verdon en plein mois de février alors qu’elle est fermée, traverser un torrent en Bulgarie…
"Chiche ?"
Tant de chemins magnifiques que je n’aurais jamais pris seule. Il repousse sans cesse mes limites : si l’esprit se régale les jambes peuvent suivre. Bon il est vrai aussi que c'est lui qui pousse mon vélo dans les moments les plus durs… Il trouve toujours des sentiers si improbables qu’eux-mêmes ne savent pas qu’ils existent. Passer de la frontière serbe depuis la Bosnie ? Ce fut un drôle de Monténégro, Serbie, re-Bosnie et re-Serbie par des chemins de montagne, souvent sans poste frontière.
Vous êtes ici (zoom maximum)
Vindhya m'a fait grimper des montagnes que seule je me serais contentée de regarder d’en bas, avant de les contourner. Grâce à lui j’ai désormais des ailes (et de grosses cuisses).
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Nous avons bien avancé ces dernières semaines. J'ai l'impression que nous avons dévoré la belle Bosnie, croqué l'accueillante Serbie et avalé la rugueuse Bulgarie ; nous sommes en Turquie depuis quelques jours.

Peu de répit, peu de repos, peu de douches, pas mal de montagnes, des centaines de "Waow c'est beau !", de superbes bivouacs (d'autres un peu à l'arrache), des kilos de pain, beaucoup de rencontres. Et pourtant un peu de lassitude aussi...
L'arrivée en Turquie fut incroyable, les habitants semant de merveilleuses pauses sur notre route avec des invitations au çai (ou à l'Efes), égayant nos journées à grand renfort de klaxons encourageants ou de pouces levés.
Cela a commencé par une invitation à prendre un café et s'est terminé à 3h du matin avec des litres de bière 
Malgré tout le cœur et le corps n'y sont plus trop. Est-ce le rythme, est-ce normal après neuf mois ? En tout cas pour moi le voyage touche à sa fin. Il n'y a ni date, ni destination arrêtée mais c'est décidé : je n'irai pas jusqu'en Iran. Ce rêve je le réaliserai une autre fois, rouler pour rouler n'aurait aucun sens, je veux garder ma capacité à m'émerveiller.
Remise en forme pour le matériel qui souffre aussi

À Istanbul nous avons rencontré Nicolas, cycliste suisse que nous accompagnerons peut-être ces prochains jours. Une bouffée d'air qui remotive pour avancer un peu plus en Turquie - nous envisagions de prendre le train pour gagner la Géorgie. Bientôt je ferai demi-tour, pas à vélo. Je n'ai pas de travail qui m'attend et j'ignore où je poserai mon maigre bagage, mais comme le dit si justement Vindhya nous avons été suffisamment égoïstes. J'ai pu l'être grâce à vous, proches, amis, gens croisés, aperçus, inconnus devenus proches qui m'avez encouragée, soutenue, accueillie, souri. Si j'avais un cœur je vous remercierais de son fond.
Mais en attendant la Velicita continue un peu ! 
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La Bosnie c'était avant la Serbie évidemment. On fait les choses à l'envers mais ce pays merveilleux mérite un article !

Après quelques semaines dans le sud de l'Italie, nous n'avions pas envie de remonter le pays à vélo : nous avons décidé de prendre un bateau depuis Bari pour Dubrovnik. Tout juste débarqués nous sommes montés jusqu'à la frontière bosnienne pour emprunter le Ćiro Trail, une voie de chemin de fer reliant Dubrovnik à Mostar fermée dans les années 70 et transformée en piste cyclable de 160km de bonheur.
Début du Ćiro sous le crachin
Nous ne savions rien du pays, si ce n'est ce que nous nous rememorions de la terrible guerre qui s'y déroula entre 1992 et 1995 - c'est-à-dire peu de choses. Sur le Ćiro les stigmates du conflit sont partout : champs de mines, villages en ruines, impacts de balles sur les habitations. Un voyage qui commence donc sous le signe de l'émotion, mais aussi de la beauté avec des étapes dans une nature brute et des montagnes qui nous appellent à l'horizon. La Bosnie nous cueille et nous émerveille d'autant plus que nous ne nous la représentions pas du tout.


À Mostar nous retrouvons la civilisation et mesurons que l'aventure commence vraiment : jusqu'à présent nous étions en terrain connu culturellement et linguistiquement, là tout est différent.
Le Stari Most, bâti au XXIème siècle, détruit en 1993 et reconstruit en 2004
Pour rejoindre Sarajevo, nous évitons la route principale qui passe par Konjic et choisissons les montagnes ; c'est tout bonnement splendide, vert, sauvage, avec des sources et des forêts idéales pour bivouaquer.
Rude ascension sous le cagnard depuis Mostar
On en prend plein les yeux. À 1600 mètres, Vindhya déclare même : "C'est tellement beau que je pourrais mourir là". Heureusement qu'il a survécu pour voir la suite.

Nous sommes descendus par le mont Igman, dominé par Bjelaśnica, deux des "Olympic Mountains" qui entourent la capitale.
Frérots fierots au pied du tremplin de saut à skis, une des infrastructures (abandonnée) des JO de 1984
Tout en bas nous avons rencontré Eldin, baroudeur qui nous a invités chez lui à prendre un café, puis à manger du gâteau (alors que lui-même fait le ramadan) puis à l'accompagner à la prière. Cette partie du pays est majoritairement musulmane et, nous ne cesserons de le découvrir, d'une hospitalité incroyable.

Après avoir promis à Eldin de le revoir, nous sommes entrés dans Sarajevo. Et très vite nous avons décidé d'y rester un peu : déjà, Bertha avait besoin d'une nouvelle transmission et surtout, malgré son récent siège qui a duré plus de 3 ans et qui est rappelé par des signes discrets mais nombreux (dans les cimetières, la plupart des tombes indiquent des décès entre 1992 et 1994), la ville est joyeuse et dégage une énergie incroyable. On a adoré l'ambiance douce et paisible, le mélange des communautés et le fait qu'en 20 minutes de marche, on se retrouve dans la montagne.
Sarajev-haut
Le jour prévu de notre départ vers la Serbie, Eldin nous a envoyé un message : il nous invitait à célébrer l'iftar avec ses amis. Cela nous faisait retourner 20km en arrière mais nous n'avons pas hésité : ce sont les rencontres qui donnent un sens à ce voyage. Quelle soirée inoubliable ! Nous avons parlé avec Amir, Yasmina, Eldin et les autres de l'avenir de la Bosnie, de l'islam, nous avons mangé et bu des cafés et des thés jusqu'à 3h du matin, heure à laquelle nous sommes allés à la mosquée pour la prière.
Refaire le monde toute la nuit
Le lendemain, Amir a pris de son temps pour nous emmener dans les montagnes avoisinantes.
Ce qu'il reste de l'hôtel où Amir et sa famille ont été déplacés en 1992. Les Sarajéviens s'y entassaient à 15 par chambre.
Nous avons finalement jeûné 2 jours avec Eldin et sommes restés chez lui comme des pachas avec sa maman et sa tante, ses amis et ses proches.
La tante d'Eldin prépare l'un des plats traditionnels bosniens : le burek


Puis nous avons repris la route vers une autre Olympic Mountain, Jahorina, et pédalé encore deux jours dans une nature sublime avant de rejoindre la Serbie - ça c'est une histoire que Vindhya vous a déjà racontée !




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